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Par M. Alfred Kuen I) La musique pour l'évangélisation La musique est un moyen privilégié de communication. Les chrétiens voudront bien sûr l'utiliser pour partager avec d'autres ce qu'ils ont de plus précieux. Elle est restée l'une des expressions qui "passe" le plus facilement : la lecture fatigue, les discours font bailler, mais la musique a gardé son pouvoir de fascination. Si elle n'est pas un moyen direct d'évangélisation, elle servira du moins de "pré-évangélisation". Le compositeur Georges Migot rapporte "l'émouvante définition" qu'une de ses auditrices donnait de la musique : "elle prépare le chemin pour Celui qui vient toujours", et il dit que cette remarque fut pour lui la consécration de toute sa vie. (P. M., p. 33) Dans la Bible ? John Blanchard fait remarquer que nulle part, ni dans l'Ancien Testament ni dans le Nouveau, il n'est question d'une utilisation de la musique pour communiquer le message à des non-croyants. Toujours le chant et la musique étaient mis au service du culte, de l'adoration et de la louange. L'antiquité connaissait le théâtre, la danse et la musique. Nous n'avons aucune indication qui nous permette de penser que les Juifs se soient servis de ces moyens pour faire des prosélytes, ni que l'Église primitive ou l'Église ancienne aient utilisé ces formes artistiques pour évangéliser les Grecs ou les Romains. Au contraire, les premiers chrétiens se sont distancés de tout ce qui rappelait les festivités païennes. Les Pères de l'Église ont sévèrement proscrit jusqu'aux instruments de musique dans les réunions chrétiennes parce qu'ils évoquaient pour les jeunes convertis les turpitudes d'un monde auquel ils avaient renoncé. Mais nous ne vivons plus dans le même contexte. Nous n'avons pas besoin de nous laisser lier par leur exemple justifié par des raisons devenues caduques. Souvenons-nous toutefois du silence de la Parole de Dieu au sujet de l'utilisation de la musique dans l'évangélisation. Le seul récit qui juxtapose le chant et la conversion de païens est celui de Paul et Silas dans la prison de Philippes. Mais les deux apôtres n'ont pas entonné des chants d'évangélisation (qui sans doute n'existaient pas) à l'adresse du geôlier et de leurs co-détenus : ils ont chanté les louanges de Dieu et c'est par ces chants, par le tremblement de terre et l'action du Saint-Esprit, que le geôlier a été convaincu de péché: un exemple à retenir. Nous n'avons aucune prise sur les tremblements de terre, mais si nous chantons les louanges de notre Dieu et si nous le prions d'agir par son Saint-Esprit, nous pourrons encore aujourd'hui voir des merveilles. L'utilisation du chant pour l'évangélisation peut s'appuyer sur l'exemple de David qui a dit au Psaume 57:10 et au Psaume 108:4: "Je te louerai parmi les peuples, Seigneur ! Je te chanterai parmi les nations." (cf. Psaume 18: 50). Pour David, les peuples et les nations étaient les païens. Et certainement les 4 000 Lévites constituant son orchestre sacré et sa chorale ont dû impressionner 1es étrangers de passage à Jérusalem. Mais notons aussi de quels chants David parle : de cantiques de louange, célébrant la grandeur de Dieu. Ailleurs, il évoque les différents attributs de Dieu qu'il veut glorifier par ses chants : sa force (59:17), sa fidélité (71: 22), sa bonté et sa justice (101:1). Il veut chanter en son honneur en évoquant le bien qu'Il lui a fait (13:6), la joie qu'Il a mise dans son cœur (30:13), l'affermissement qu'Il lui a donné (57: 8). Ce sont donc des chants de témoignage, disant à ceux du dehors ce que Dieu est pour nous et ce qu'Il a fait pour nous. Cette perspective du chant d'évangélisation commande aussi sa forme : il faut que la musique reflète à la fois les caractères de Dieu et les sentiments qu'il fait naître dans le cœur de ses enfants. Elle sera donc très différente de celle du monde pour pouvoir donner, dans un style que les gens du dehors comprennent et apprécient, l'image d'une vie totalement transformée par le Dieu "Tout-Autre". Elle doit susciter en eux, dans un langage proche du leur, la nostalgie du paradis perdu, la soif de pureté et d'authenticité, le désir d'en savoir plus long sur la source des sentiments exprimés là. Cette double exigence d'une musique d'évangélisation à la fois authentique et efficace (forme compréhensible, style adapté au public actuel - contenu vrai et transparent) constitue le fond du problème de la musique chrétienne actuelle. L'accent mis tantôt sur l'un, tantôt sur l'autre aspect est à l'origine de toutes les tensions et polarisations autour de ce thème. Dans l'histoire L'histoire nous fournit de bons exemples d'utilisation du chant dans la communication de l'Évangile à ceux qui n'étaient pas encore chrétiens. Luther a beaucoup compté sur les chorals pour propager les vérités de la foi chrétienne. Les psaumes huguenots ont joué un grand rôle dans l'expansion de la Réforme. Au XVIe siècle, toute la cour royale chantait les psaumes de Clément Marot sur toutes sortes de mélodies et certains hauts personnages se laissèrent gagner aux idées nouvelles. Connaissez-vous l'histoire de cette cité qui est passée à la Réforme par l'influence d'un cantique ? Un huguenot arrive dans une ville inconnue. II s'assied sur la margelle du puits de la grande place et se met à chanter des psaumes. Bientôt, les enfants se groupent autour de lui et lui demandent de leur apprendre l'un de ces chants. Les parents s’inquiètent et vont écouter à leur tour. Les prêtres les préviennent de ne pas prêter l'oreille à ces chants hérétiques, mais les habitants insistent : ils ne trouvent rien de pernicieux dans ces paroles et ils voudraient bien apprendre de tels chants pour louer Dieu. Ils font donc venir de la ville voisine un "prédicant" pour leur enseigner des psaumes; et il leur annoncera aussi la Parole de Dieu. John Wesley fut tellement impressionné par le chant des missionnaires moraves sur le bateau qui l'emportait en Amérique, qu'il décida d'apprendre l'allemand pour pouvoir converser avec eux et traduire leurs cantiques. Cet épisode marqua une étape importante dans son propre cheminement vers la conversion. Lui et son frère Charles Wesley furent si bien convaincus de la valeur des cantiques qu'ils en composèrent 6 500 au cours de leur ministère (3 par semaine pendant 57 ans). Leur but premier n'était pas l'évangélisation, mais l'enseignement chrétien, la louange et l'expression de leur foi. N'empêche que ces cantiques ont joué un rôle considérable dans l'expansion du réveil méthodiste, c’est à dire dans la conversion de milliers d'hommes et de femmes au XVIIIe siècle - et jusqu'à nos jours. Chaque réveil fut accompagné d'une renaissance du chant religieux. À Genève, César Malan à lui seul composa un millier de cantiques, sans compter les innombrables poèmes des autres hommes du Réveil adaptés par Madame Lutteroth sur des mélodies classiques. Les "chants du Réveil" ont porté le message de l'Évangile là où aucune parole de prédicateur n'a pénétré. Dans les pays anglophones, Moody se fit toujours accompagner par Ira Sankey qui soulignait souvent le message de l'évangéliste par un cantique improvisé à la fin de la réunion. Ses "Songs and solos" ont fait le tour du monde et ont évangélisé davantage de personnes qu'aucun autre livre humain. Dans les grandes campagnes de Billy Graham, le chant de George Beverly Shea préparait les cœurs à l'écoute du message. On pourrait ajouter de nombreux exemples de personnes qui ont été attirées dans une réunion par de beaux chants, de jeunes qui sont entrés dans une salle d'évangélisation poussés par le désir d'entendre un groupe musical, de gens qui ont entendu une émission évangélique à cause de la musique qui l'encadrait, etc. Une expérience récente Une expérience récente en terre missionnaire confirme ce pouvoir de la musique pour ouvrir les cœurs. Pendant des générations, les Touaregs sont restés fermés à l'Évangile, tous les efforts variés avaient échoué auprès des fiers cavaliers du désert. Il y a quelque temps, des membres de la Société Internationale Missionnaire ont composé des chants adaptant des textes bibliques à des mélodies semblables à celles de leur folklore. L'effet de ce nouveau mode d'évangélisation fut extraordinaire : plusieurs tribus se sont montrées réceptives au message biblique présenté sous cette forme qui faisait appel aux couches profondes du subconscient nourri par la tradition musicale autochtone. Mais ce véhicule n'était que le moyen de faire accepter des paroles bibliques soigneusement choisies et retransmises de façon bien compréhensible. Ce sont elles qui ont touché les esprits et les consciences. La musique elle-même ne convertit personne. "La foi vient de ce qu'on entend, et ce qu'on entend vient de la parole de Christ." (Romains 10:17). Pour que le Saint-Esprit puisse agir par cette parole, il faut qu'elle soit comprise et reçue. Si la musique devient un instrument de manipulation des foules, les conversions éventuelles ne dureront pas. Mais la musique peut offrir un terrain de rencontre, donner des occasions de contact, créer une atmosphère dans laquelle la parole sera plus facilement écoutée, c’est à dire préparer le chemin à la Parole. II) La musique pour épanouir l'homme entier Le Dr Otto Riecker dit que "la vie spirituelle s'étiole si elle est dominée uniquement par la raison et l'esprit intellectuel." (Erwecklich singen, p. 25). La musique aide à éveiller et à développer en nous la vie des sentiments, à les affiner et les nuancer. Elle nous fait participer à la vie émotive des autres. Elle donne à notre vie spirituelle une nouvelle dimension. Dans la nature, autour de nous, tout n'est pas fonctionnel. Dieu n'a pas seulement fait pousser des céréales et des fruits pour nous nourrir, il a aussi créé les fleurs, plus belles les unes que les autres, il a donné aux insectes, aux oiseaux et aux arbres des formes et des couleurs innombrables. Il a mis dans le cœur de l'homme un sens esthétique qui lui permet d'apprécier la beauté. Celle-ci a certainement un rôle à jouer dans la re-création de l'homme sur le modèle de Dieu. Lorsque Bach disait qu'il composait sa musique "pour la gloire de Dieu et la récréation de l'esprit ", il entendait non seulement le plaisir fugace que l'on peut en tirer au moment de l'audition, mais cette transformation intérieure qu'elle opère en celui qui l'écoute. C'est bien ce que la sagesse populaire, les philosophes et les poètes ont dit depuis toujours: un peu partout, on trouve des aphorismes exaltant les vertus de la musique qui "adoucit les moeurs". Le vieil Aristote prétendait qu'elle "purge les passions et les purifie." Au XVIe siècle, Ronsard affirmait qu'elle "adoucit un cœur tant soit-il dur". Selon Stendhal, elle "prédispose à l'amour", pour Stravinsky, elle institue "un ordre entre l'homme et le temps", pour Balzac, elle "a la puissance de nous faire rentrer en nous-mêmes". Un proverbe chinois allait jusqu'à dire : "Si le roi aime la musique, son royaume est beaucoup mieux gouverné." Certaines de ces affirmations sont peut-être osées, mais l'on ne saurait nier l'ensemble des constatations sur lesquelles elles reposent. Elles nous incitent à réserver une place appropriée à la musique dans nos programmes d'éducation et de formation personnelle ainsi que dans notre vie communautaire. Toutes les musiques ont-elles ces vertus bénéfiques ? Il serait téméraire de l'affirmer. Nous avons vu que, déjà aux temps bibliques, la musique pouvait être utilisée pour exalter les passions perverses de l'homme (Exode 32:6-17; cf. 1 Corinthiens 10:6-8) ou pour le conditionner en vue de sa soumission à l'idolâtrie (Daniel 3:5, 7; cp. Amos 6: 5). Depuis lors, le pouvoir suggestif de la musique a été considérablement renforcé. Par la diversification des harmonies, l'affinement de l'orchestration, l'intensification du volume sonore et l'accentuation du rythme, on est parvenu à faire de la musique un instrument de manipulation psychologique de premier ordre. Cette manipulation consciente ne s'exerce, hélas, pas toujours en vue d'une amélioration de l'homme, comme nous le verrons en étudiant, dans un autre Cahier, l'évolution historique de la musique. Si le chrétien d'aujourd'hui veut épanouir son être intérieur, il est obligé de choisir avec discernement les musiques auxquelles il s'expose. Soli Deo Gloria Le chrétien qui cherche sincèrement à connaître la place que la musique devrait occuper dans sa vie trouve dans la Parole de Dieu une directive générale qui s'applique à tous les domaines de son existence : "Faites tout pour la gloire de Dieu" (1 Corinthiens10:31). En disant "tout", l'apôtre a tracé un cadre suffisamment large pour y faire rentrer toutes nos activités. Il en précise quelques-unes : "soit que vous mangiez, soit que vous buviez" puis il étend le principe à tous les actes qui meublent nos journées : "soit que vous fassiez quelque autre chose, faites tout pour la gloire de Dieu." Celui qui a accepté Jésus comme Sauveur et Seigneur n'est plus un homme autonome, c’est à dire qui fixe lui-même sa loi, sa règle de conduite, il est "sous la loi de Christ" (1 Corinthiens 9:21). Or, Jésus-Christ cherchait toujours ce qui était agréable à Dieu et qui contribuait à Sa gloire (Jean 7:18; 8:29, 49;17:4). "Nul ne vit pour lui-même, et nul ne meurt pour lui-même. Car si nous vivons, nous vivons pour le Seigneur; et si nous mourons, nous mourons pour le Seigneur. Soit que nous vivions, soit que nous mourions, nous sommes au Seigneur." (Romains 14: 7-8) "Ne savez-vous pas que vous ne vous appartenez pas à vous-mêmes? Car vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit, qui appartiennent à Dieu." (1 Corinthiens 6:19-20). "Christ est mort afin que ceux qui vivent ne vivent plus pour eux-mêmes mais pour celui qui est mort et ressuscité pour eux" (I1 Corinthiens 5:15). "... afin qu'en toutes choses, Dieu soit glorifié par Jésus-Christ." (1 Pierre 4:11; cf. Malachie 2: 2) Oui, celui qui est né de nouveau par la grâce de Dieu désire faire toutes choses pour la gloire de Dieu - aussi la musique. Toute son activité se passe sous le regard du Père, il est son enfant et vit en fonction de lui. La musique que nous acceptons d'écouter et celle que nous chantons ou jouons seuls ou à plusieurs - doit contribuer à glorifier Dieu. "À la seule gloire de Dieu" : c'est, comme nous l'avons vu, la devise que Jean-Sébastien Bach avait adoptée et que nous retrouvons sur presque toutes ses partitions : S.D.G. (Soli Deo Gloria). III) Que signifie-t-elle pratiquement pour le chrétien musicien ? a ) Éviter les fausses pistes Faire quelque chose pour la gloire de Dieu signifie que nous désirons qu'il reçoive tout l'honneur et la louange suscités par notre action, qu'il soit mieux connu, aimé et servi par un plus grand nombre d'adorateurs. Par conséquent, nous renonçons à la gloire personnelle que nous pourrions en tirer. Le monde de la musique, comme toute l'activité artistique, a été dévié vers la glorification de l'homme. L'un des buts - avoués ou inavoués de tout artiste - est de se faire un nom (cf. Genèse 11:4). Jésus dirait aussi à ce sujet : "Qu'il n'en soit pas ainsi parmi vous." Matthieu 20:26). Dans un culte centré sur la louange et l'adoration de Dieu, on concevrait difficilement qu'on applaudisse l'organiste ou un autre soliste. La musique est offerte à Dieu comme les prières des fidèles. Les auditeurs s'associent à cette offrande musicale. Ils ne sont pas là, en premier lieu, pour jouir de la musique ou pour en apprécier la qualité et manifester leur approbation. Faire de la musique pour la gloire de Dieu signifierait-il que nous n'avons plus le droit d'y trouver notre plaisir ? Nous mangeons "pour vivre", certes, mais Dieu ne nous interdit pas de jouir de nos repas. Autre chose serait de vivre pour manger, de passer tout son temps et son argent à varier les menus et à raffiner les plats. La jouissance est devenue l'impératif majeur de notre génération : aujourd'hui, beaucoup de gens ne vivent que pour jouir. La musique tient une large place dans le programme des réjouissances offertes sur le marché. Des appareils de plus en plus perfectionnés sollicitent le mélomane de la fin du XXe siècle. Le chrétien se sait responsable devant Dieu de l'emploi de son temps et de son argent. Il ne saurait donc entrer dans cette course sans fin qui engloutirait toutes ses disponibilités (sur les deux plans cités) pour le simple plaisir d'une jouissance encore plus raffinée. Chacun doit trouver devant Dieu la part qu’il peut consacrer à la musique - part qui sera très variable de l’un à l’autre suivant la vocation, le milieu et les engagements personnels. Le même problème se pose aussi aux groupes musicaux chrétiens : que signifie pour eux : "jouer à la gloire de Dieu" sur le plan du matériel à acquérir, du temps et des forces à consacrer à leur préparation ? Le problème n'est pas simple. En dessous d'un certain niveau, ils ne se sentent pas crédibles devant le monde. Mais au-dessus, il n'y a pas de limite. Devront-ils donc consacrer des sommes considérables à l'acquisition d'un équipement électronique qui leur permette de concurrencer les groupes du monde, passer tout leur temps à répéter, donc devenir presque des professionnels ? Mais l'impact est-il nécessairement fonction de la technique ? Les expériences nombreuses et diverses ont montré que l'Esprit de Dieu agit toujours à travers les exécutants, c’est à dire par le rayonnement de leur personnalité et le témoignage de leur vie commune. Vous êtes bien d'accord que la prière, la méditation régulière de la Parole de Dieu et l'écoute des conseils fraternels sont plus importantes que le nombre des répétitions et les raffinements de la technique. Réfléchissons bien avant de nous laisser emporter dans l'escalade actuelle. Tout est permis, mais... L'apôtre Paul énonce le principe positif "faites tout pour la gloire de Dieu" après avoir posé quatre barrières de sécurité : "Tout est permis mais tout n'est pas utile" (1 Corinthiens 6:12;10:23) c'est-à-dire ne contribue pas à notre progrès spirituel. Le mot employé par l'apôtre est de la même racine que symphonie (des sons et des accords mis ensemble). Une musique utile nous aide à faire de notre vie un ensemble harmonieux qui glorifie le Créateur. " Tout est permis, mais tout n'édifie pas" (1 Corinthiens 10: 23) c'est-à-dire n'aide pas à construire une personnalité chrétienne stable et équilibrée, et surtout, ne contribue pas à créer entre les membres de l'église une communion marquée par une même pensée et un même sentiment. Certaines musiques - comme certaines doctrines - ont un effet diviseur sur une communauté, d'autres unissent dans une même joie, un même élan. C'est ce que le Nouveau Testament appelle édifier (cf. Actes 9: 31; Éphésiens 2:20, 22; 4:16; 1 Pierre 2: 5). "Tout est permis, mais je ne me laisserai asservir par rien." (1 Corinthiens 6:12) Les meilleures choses deviennent dangereuses si je risque de perdre ma liberté à leur égard, si elles deviennent nécessaires à mon bien être, si j'en ai besoin pour travailler ou pour être heureux aux moments libres. Aujourd'hui la musique est devenue pour beaucoup une drogue dont ils auraient de la peine à se passer. La musique est un moyen merveilleux par lequel Dieu peut nous apaiser, nous réjouir ou nous fortifier, mais elle reste un moyen - comme les aliments ou les remèdes - entre les mains de Dieu. Ce n'est pas de la musique elle-même que j'attends ces bienfaits, mais du Père céleste. Je me garderai donc d'y investir plus de temps, de forces et de réceptivité qu'il n'est judicieux, afin de ne pas tomber dans la dépendance à son égard et de ne pas avoir besoin d'elle pour être apaisé, stimulé ou "mis sur orbite". Pour beaucoup de mélomanes, elle est devenue un succédané de la religion. Ils en attendent tous les bienfaits que le croyant reçoit dans sa communion avec Dieu : consolation, transformation intérieure, libération des passions, communion avec les autres... Je veillerai donc à ne pas faire d’une servante une idole. "Prenez garde que votre liberté ne devienne une pierre d'achoppement pour les faibles." (1 Corinthiens 8:9; cp. Romains14:13, 21) Pour un ancien alcoolique, ma liberté peut devenir l'occasion d'une rechute. Ceux qui ont dû être libérés de la passion de la musique par une intervention du Seigneur peuvent être incités à retomber dans leur ancienne dépendance en voyant notre liberté à l'égard de certaines musiques. Mieux vaut donc s'abstenir si cela peut être pour un frère "une pierre d'achoppement ou une occasion de chute, de scandale ou de faiblesse" (Romains14:21). b ) Les saines motivations 1. Reflet de Dieu Faire de la musique à la gloire de Dieu, ce n'est pas seulement éviter les fausses pistes, c'est surtout contribuer à ce que Dieu soit reconnu pour ce qu'il est par un certain nombre croissant de personnes. Glorifier Dieu ou "le nom de Dieu" (Jean 17:28), c'est manifester et faire reconnaître ses qualités, en particulier, sa grâce, sa grandeur, sa beauté. La musique glorifie Dieu lorsqu'elle reflète ces qualités et les évoque dans l'esprit des auditeurs. Les instruments inventés par les hommes et les voix des chœurs peuvent s'accorder pour manifester cette gloire de Dieu : faire sentir son amour, resplendir sa lumière et sa beauté. Qui n'a pas été saisi par la puissance de certains chorals de Bach, par les trompettes de Haendel ou le chœur qui ouvre le Psaume 47 de Florent Schmitt ? Qui n'a pas été apaisé par l'air "II conduit ses agneaux" du Messie ? D'autres fois c'est l'ordre l'harmonie de la création que magnifie tel prélude d'orgue de J.S. Bach ou tel Concerto de Mendelsohn. "La musique, dit Harold Best, doyen du Conservatoire de Wheaton, fait partie du culte à Dieu, elle est en elle-même un acte d'adoration. En conséquence, lésiner sur le temps ou les moyens à lui consacrer, en prétendant qu'ils seront mieux utilisés dans l'évangélisation ou la mission, rappelle la remarque de Judas devant Marie répandant son nard précieux sur les pieds de Jésus." 2. L'homme devant Dieu Et moi dans tout cela ? N’ai-je jamais le droit de crier ma révolte, de clamer mes angoisses, de donner libre cours à mes perplexités, de pleurer mes espoirs déçus ? Je suis un être humain, après tout, et autour de moi les gens que je côtoie plongent dans le même bain. N'ai-je pas le droit d'exprimer tout cela par ma musique ? Le Psalmiste aussi a sorti très librement tout ce qui était en lui. Mais relisons attentivement les psaumes : il a toujours recherché, et trouvé, une place juste devant Dieu, une attitude de soumission, d'obéissance et de confiance et, généralement à la fin du psaume, la paix et la joie que seul le Seigneur peut donner. Mieux que les paroles, la musique peut traduire par sa violence, par ses discordances, son rythme trépidant ou déhanché, la dysharmonie de la vie moderne. Par ses répétitions inlassables, elle reflète le vide intérieur de notre société actuelle. Nos contemporains se reconnaîtront donc aisément dans cette expression musicale qui peut constituer une part légitime d'un programme d'évangélisation dans lequel on voudrait dépeindre la "misère de l'homme sans Dieu". Mais réfléchissons sérieusement : est-ce que nous voulons nous complaire dans cet état - et dans ces musiques, et nous en nourrir ? Ne serions-nous pas plus heureux si, comme le Psalmiste, nous pouvions trouver des solutions qui se refléteront forcément par nos choix musicaux : les notes retrouvant leur assise tonale, leur équilibre harmonique et leur rythme apaisant ? Une musique à la gloire de Dieu débouche toujours sur une musique de paix (paix dans le sens de Shalom : plénitude, épanouissement, bonheur). 3. Au nom du Seigneur Jésus Juste après avoir parlé du chant, l'apôtre Paul dit : "Et quoi que vous fassiez, en paroles ou en œuvres, faites tout au nom du Seigneur Jésus..." (Colossiens 3 :17). Dans la Bible, le nom représente la personnalité, la nature de quelqu'un. Faire une chose "au nom de quelqu'un", c'est faire comme il l'aurait fait, de la manière qui lui était coutumière, avec son amour et son autorité. Une musique faite au nom du Seigneur Jésus nous apportera le reflet de sa personnalité : sa force et sa douceur, sa vérité et sa pureté, son amour et sa puissance d'indignation devant le mal. Une telle musique aura donc par moments des sonorités fortes, des accents qui se traduiront dans le style approprié à l'auditoire, mais elle ne se plaira pas à exciter les instincts, ni à conditionner les auditeurs, elle ne restera pas désordonnée, chaotique, excessive ; elle retrouvera la sérénité et l'équilibre qui marquent le triomphe de Dieu sur toutes les forces destructives et dysharmoniques. Un ami japonais nous a raconté comment il est devenu chrétien. Faisant un voyage touristique en Europe, il est entré dans une église. Tout son être a été profondément touché par la musique qui l'a accueilli : c'était celle d'un Dieu saint, puissant. C'est ce Dieu qu'il voulait connaître et servir. Une jeune femme nous a confié que l'entente et le dynamisme d'une chorale chrétienne l'avaient tellement impressionnée qu'elle a désiré partager leur foi. Dans une prison, une détenue demande une Bible et un entretien avec l'aumônier. Pourquoi ? Un cantique entendu à la radio lui a rappelé brusquement un passé lointain, ordonné et paisible. Vous connaissez vous-mêmes certainement des exemples que l'on pourrait encore ajouter. |
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